tag:blogger.com,1999:blog-31259346273671730102024-03-13T21:35:52.489+01:00EasyCumAxel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.comBlogger14125tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-70348609042055420892010-09-19T20:58:00.009+02:002010-09-19T21:09:35.329+02:00Cyrus - Jay et Mark Duplass<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL6Zbns6EXlPpy7bbMXKaLCF49KY0-4tRiwywfnnnTEZPOUp2mEUcbZ9vQDrhCpEgjEFqbYj9efA7E5UCWT0J7SS6-ByynGdRiZIV4aHSxETwmtPYQg-5VHqXL0JzsSbgVRwyGXETUjax2/s1600/cyrus+1.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 213px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL6Zbns6EXlPpy7bbMXKaLCF49KY0-4tRiwywfnnnTEZPOUp2mEUcbZ9vQDrhCpEgjEFqbYj9efA7E5UCWT0J7SS6-ByynGdRiZIV4aHSxETwmtPYQg-5VHqXL0JzsSbgVRwyGXETUjax2/s320/cyrus+1.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5518702806602626914" /></a><p class="MsoNormal" style="text-align:justify">Le renouveau de la comédie américaine, porté par la nébuleuse Apatow, a tendance à s’essouffler et peine à renouveler ses fondamentaux, à l’image de <i style="mso-bidi-font-style:normal">American Trip </i>qui mêle aux considérations déjà développées par ses cousins (la filiation, la gestion de la célébrité, ou encore d’une famille en devenir, avec ce que ces notions comportent d’aliénant) une énergie physique et un humour gestuel que l’on n’imaginait pas poindre dans ce cadre et qui, surtout, brasse davantage d’air qu’il ne génère de mouvement. </p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify">C’est donc l’inattendu et salutaire <i style="mso-bidi-font-style:normal">Cyrus</i>, de Jay et Mark Duplass, qui offre dans la foulée un véritable nouvel angle d’approche, et parvient à étendre les frontières d’un univers en phase de sclérose. Si ce dernier diffère de ses grands frères, sans pour autant abandonner leurs plus grandes préoccupations, c’est avant tout dans sa construction et dans l’arc scénaristique qu’emprunte le personnage de John C. Reilly. Célibataire depuis sept ans, vivant dans une grande maison d’adolescent, il ne suffira que d’une séquence, une fête organisée par son ex-femme, pour bazarder le cheminement qui le mène à une certaine forme de renaissance, et qui aurait constitué les deux tiers, l’essentiel d’une production Apatow classique et justement reconnue comme telle du fait de ce format. Dans <i style="mso-bidi-font-style:normal">Cyrus</i> la route est inversée, la maïeutique du personnage principal intervient en tout début de métrage, littéralement et concrètement exprimée par un Reilly éméché à une fille choisie au hasard, en l’occurrence la plus vilaine du continent américain. Cette dernière, visiblement lassée, s’en ira plutôt passer un coup de fil, tandis que John rencontrera quelques instants plus tard la femme de sa vie. Ce fait étant établi et la trajectoire personnelle du personnage principal digérée, que reste-t-il aux Duplass pour exister, pour s’inscrire au sein d’un courant qui leur préexiste, mais qu’il s’agit désormais de ne plus singer ? </p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><i style="mso-bidi-font-style: normal">Cyrus</i>, en même temps que son personnage éponyme Jonah Hill, entre alors dans la cour des grands. Les sentiers ne sont plus balisés par de quelconques repères, l’évolution n’est plus rectiligne, toute droit dirigée vers un accomplissement (même si les derniers plans des films directement réalisés par Apatow sont certes toujours amers et ambigus), les possibilités sont illimitées et il s’agit donc ici, avant tout, de flotter et de tâtonner. Tâtonner à l’image de cette caméra instable, qui zoome et qui dézoome, parfois de manière systématique et un peu malheureuse, mais dont l’évidente lisibilité des intentions génère davantage de tendresse que de mépris. La tendresse, c’est aussi ce qui traverse le métrage à partir de la fête initiatique, et ne s’en départira plus. Cyrus et John se livrent certes à un conflit latent, puis ouvert, ayant chacun pour objectif de vivre avec la très belle Molly (Marisa Tomei). Mais il ne s’agit après tout que de courtes et anecdotiques tranches de vie, comme suspendues, soumises aux impondérables et à des oppositions nécessaires, l’essentiel étant dans tous les cas déjà acquis, pour l’un comme pour l’autre, qui ne doivent <i style="mso-bidi-font-style:normal">in fine</i> qu’apprendre à partager une femme et une mère. Cette présence féminine qui les meut, n’est de toute manière plus à conquérir puisqu’elle s’offre littéralement et <i style="mso-bidi-font-style:normal">a priori </i>aux deux hommes. Les étapes rencontrées par le personnage de Jonah Hill, qui le mènent lui aussi à un accomplissement certain, sont d’ailleurs rapidement éludées, la décision finale de réintégrer John étant naturellement synthétisée par le regard de Cyrus sur sa mère allongée. Encore une fois l’essentiel était ailleurs, plus tôt, il a d’ores et déjà été consommé et il s’agit désormais d’apprendre à vivre, à bâtir sur ces nouvelles données. Par extension, c’est aussi la nouvelle comédie américaine, dans toute sa beauté mais aussi la hâte qui la caractérise, qui fêle progressivement son œuf et commence à s’aventurer dans des contrées encore inconnues, dont l’horizon certes incertain et infini semble recéler davantage de promesses que de mirages. </p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-28122120100764861992010-08-23T11:35:00.007+02:002010-08-23T11:44:54.494+02:00Quelques pistes sur 'The Party' (Blake Edwards)<div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: center;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbM_0uWHg9fMb1creV-JqGaF1upP-92SDUdOlICN3h50__DOCorqEj27knhmndXolajA9UqL8Mk0On3i6Klv7-fZu1Zx0hnAWzzJsB7MKPIiMRSSjQKSkExQ0u9FnAVtYdGJvS7xpcKCXm/s1600/hrundi.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 214px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbM_0uWHg9fMb1creV-JqGaF1upP-92SDUdOlICN3h50__DOCorqEj27knhmndXolajA9UqL8Mk0On3i6Klv7-fZu1Zx0hnAWzzJsB7MKPIiMRSSjQKSkExQ0u9FnAVtYdGJvS7xpcKCXm/s320/hrundi.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5508536887836761970" /></a></div><p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span class="Apple-style-span" style="line-height: 18px; "><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">Dans </span></span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">Showgirls</span></span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;"> (1995), Paul Verhoeven filme l’irruption d’une jeune femme, violée et tuméfiée, au sein d’une luxueuse soirée. Le sang ruisselant le long de ces jambes ne manque pas de causer une panique générale et de mettre à sac un lieu pourtant prompt à la bienséance. Dans cette courte scène d’un film injustement mésestimé, c’est tout le fil directeur de l’œuvre du maître hollandais qui est pourtant synthétisé, de </span></span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">Floris</span></span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;"> (une pomme juteuse y est infestée de vers) à </span></span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">Black Book</span></span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;"> (un héros de la résistance, acclamé du haut de son balcon, ne peut empêcher la découverte de la juive qu’il séquestre), à savoir la mise en lumière de l’abîme qui réside, irrémédiablement, sous le vernis de surfaces bien polies. De l’anomalie qui, une fois révélée, lève le voile sur l’effrayante ambigüité d’un tableau qui se voudrait limpide.</span></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="line-height: 115%; "><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">Presque trente ans plus tôt, en 1968, Blake Edwards réalise </span></span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">The Party</span></span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:'times new roman';"><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">. Peter Sellers y incarne Hrundi V. Bakshi, un acteur indien invité par mégarde à la soirée d’un grand producteur hollywoodien, qu’il contribuera à dévaster. Edwards a beau ici préfigurer les enjeux qui seront, plus tard, au centre de la filmographie de Verhoeven, les chemins qu’il emprunte en sont pourtant diamétralement opposés. Alors que le cinéaste batave révèle les dessous pour mieux condamner l’ensemble, et peine à déceler une issue autre que cynique à la médiocrité qui l’environne, Edwards opte pour le parti-pris inverse et choisit de se servir de Bakshi, personnage de cartoon burlesque, comme d’un vecteur de mouvement et de dynamisme constant. Il ne s’agit donc pas ici de filmer pour faire mal, mais plutôt de s’immiscer, à l’instar de Bakshi, au sein d’un système dont il faudra transfigurer les contours pour se les approprier et, l’espace d’un instant, les sublimer. Ainsi, en inadéquation avec ses hôtes d’un soir, le figurant indien persévère, sorte de bizarrerie atypique et instable dans un océan d’immobilisme, engoncé dans un corps qui se meut sans en avoir reçu l’injonction. Une étrangeté physique suffisante, tout du moins, pour fragiliser à son insu certains codes et limites poreuses, et progressivement dévoiler la beauté qui germe au creux de la laideur du monde, ou encore générer de la vitesse en lieu et place d’un conformisme sectaire, microcosme d’une structure qui continue pourtant de provoquer la verve et la hargne, par exemple, de Verhoeven. </span><o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span class="Apple-style-span" style=" line-height: 18px; font-family:'times new roman';">Mais Blake Edwards ne hait à aucun instant les personnages qu’il met en scène, et préfère les modeler, questionner leurs principes grâce à l’irruption inopinée de Bakshi. Et une fois ce dernier enfin en place, maître de ses gestes désordonnés et de son environnement, suivi par une horde de serveurs saouls et de danseurs russes escortant un éléphant, il faut voir l’énergie ahurissante avec laquelle Edwards s’amuse du monde, privilégie la fuite en avant, la vélocité et l’énergie sans suite, au détriment d’une charge sociale atone. Edwards, conscient de la duplicité qui l’environne, des miasmes qui grouillent sous la peau du corps social, choisit donc néanmoins de s’en accommoder et s’impose en tant que héraut du mouvement, du dynamisme transcendantal et, surtout, des trajectoires et relations singulières aux dépends des grands arcs sociétaux. De fait, un film s’achevant au petit matin sur la promesse évanescente d’un rendez-vous amoureux, bâti sur les ruines d’une maison gisant dans l’alcool et dans la mousse, ne peut que rire en réponse aux turpitudes de son temps et courir sur la surface de ce monde disloqué, qu’il aura tant bien que mal contribué à remodeler.</span></p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-28485607069208122502010-04-27T17:10:00.018+02:002010-04-28T15:55:55.639+02:00'Vengeance' de Johnnie To - le dernier grand coup de bluff d'un cinéaste (dé)bridé<div style="text-align: center;"><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgqUDzHYJ3gb8fgEmDhoJYZCEgpxPj-WLx2KzMEDD03m0OcG6nCkh7CaGN0FeJX55G1Vx4usPgYh7Rx8FeOqVIbMfViPpvUGjPXRaSklbDqeD_WkBys27n1yBa2Fan0XKmCja2QMQ54xFL/s1600/to.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 91px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgqUDzHYJ3gb8fgEmDhoJYZCEgpxPj-WLx2KzMEDD03m0OcG6nCkh7CaGN0FeJX55G1Vx4usPgYh7Rx8FeOqVIbMfViPpvUGjPXRaSklbDqeD_WkBys27n1yBa2Fan0XKmCja2QMQ54xFL/s320/to.jpg" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5464838831288768098" /></a></div><br /><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Johnnie To, de </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Mission</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> à </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Exilé</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> en passant par </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Breaking News</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">, a toujours eu pour particularité de faire de la violence et de son esthétisation des moyens de socialisation. Le cinéaste hongkongais n’a en effet jamais dissimulé son sens aigu des priorités, et le partage d’un bon bol de riz entre amis ne peut en aucun cas, au sein de son œuvre, être supplanté par la nécessité de l’affrontement. Même lorsque celui-ci se fait impérieux, comme lors des derniers instants d’</span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Exilé</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">, des tueurs à gage soudés par des liens indéfectibles choisiront sans sourciller de prendre le temps de quelques photos souvenirs avant de dégainer. Plus tôt dans le même film, ce sont même deux camps opposés qui vont s’attabler paisiblement avant de s’affronter, bel et bien conscients que les papilles de certains d’entre eux ne goûteront désormais plus qu’à la poussière. Il va sans dire que, </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">via</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> cette apologie de la gastronomie, ce sont les contours d’un vaste univers qui sont effleurés, au sein duquel l’amitié, l’intégrité, l’amour et l’ivresse auront toujours plus d’importance que les contingences imposées par une quelconque autorité. Les fusillades transcendées par la virtuosité du cinéaste laissent donc régulièrement place à des instants fugaces de tranquillité, paradis des saveurs où la cuisson d’un œuf et le baiser d’une femme auront tout le temps du monde pour s’accomplir à leur juste mesure. Johnnie To, cinéaste apaisé ? Ce serait omettre que cette sérénité ourdit l’inexorable retour des balles, toute surface revêtant sa part de profondeur angoissée.</span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Dans son avant-dernier film, </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Sparrow</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">, Johnnie To s’affranchit cependant enfin du dictat des </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">gunfights </span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">pour se consacrer à ce qui a toujours été le moteur de son œuvre, soit l’approche pudique et délicate de l’amour et de l’amitié. Comme émancipé de la nécessité de filmer la violence pour aboutir à ce qui le meut, le cinéaste substitue le ballet des M16 aux chorégraphies de milliers de parapluies, et comme le dit </span><a href="http://ialwayshaveaplan.blogspot.com/search/label/sparrow"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Hugues Derolez</span></a><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">, « on se promène beaucoup à vélo (et si possible à quatre sur un vélo) » en zigzaguant au lieu d’« atteindre le sommet » par automatisme. Les idylles ne sont alors plus menacées par l’ombre des combats, le cosmos a trouvé son harmonie et le cinéma de Johnnie To sa pierre angulaire, son équilibre dépouillé, son aboutissement fantasmé depuis tant d’années.</span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"> <span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><img src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLV-1tDEP2eqOrKzQoGoQDOk8FxBGJWs8QeKP6dTipTDtu8_6N_Jwm1TDAV1GaeKWlJue3E1VkwAlOlE62Qrd7pAV9YVp7DyitjDtwFgrBog6MEzcaaVa7tkXjz4hF80ZHPkRIqx4U-6N1/s320/toto.jpg" /></span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">C’est dans ce contexte qu’est réalisé </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Vengeance</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">, le dernier film du cinéaste, en 2009. Johnny Halliday </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">aka</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> Frank Costello, un restaurateur parisien, se retrouve devant la caméra et n’a qu’une idée en tête, venger sa fille, incarnée par Sylvie Testud. La famille de cette dernière a été sauvagement décimée pour une raison inconnue et l’homme décide de déambuler dans Macao pour retrouver les coupables. Il fait alors la connaissance de trois tueurs à gage -soudaine réminiscence des sources de l’œuvre de To, tant ces derniers présentent un sens du devoir et du sacrifice burlesque hors du commun-, et les engage à ses côtés. D’emblée, le film surprend de par son apparente absence d’intrigues et de liens secondaires ; Costello n’existe que </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">via</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> cette pulsion vengeresse, et ses acolytes ne font office que de faire-valoir. En ce sens, le cinéaste semble se détourner de sa trajectoire passée, de l’arc de son œuvre jusqu’ici absolument tendue vers le primat de la réunion sur la destruction. Comme un inéluctable retour à des chaînes que l’on pensait pourtant rompues. En témoigne la traditionnelle occurrence de la figure du repas, cette fois-ci annihilée par Costello, qui refuse de savourer le barbecue galamment offert par ceux qui ont détruit sa famille. Quelque chose a visiblement changé dans le cinéma de Johnnie To, et c’est tout-à-fait déplaisant.</span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Tout ne tourne pourtant pas rond dans cette intrigue d’une limpidité confondante, dont les rouages sont expédiés en quelques plans par un cinéaste qui rêve visiblement d’un tout autre film. On apprend tout d’abord que Costello a une balle logée dans la tête depuis quelques années, souvenir d’une époque révolue qui, un jour, sans prévenir, changera sa vie en détruisant l’intégralité de sa mémoire. On se prend alors à rêver d’un film suspendu, d’un écho à l’</span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Avventura</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> d’Antonioni, d’un Johnny Halliday amnésique errant dans les rues de Macao, sans autre ambition que celle de déguster des porcs au caramel en compagnie de quelques jeunes femmes peu regardantes. Tellement plus en phase avec ce que l’on connaît et espère de To, ce fantasme sans jamais se réaliser pleinement prend progressivement corps, alors que les contours de l’intrigue se diluent progressivement, jusqu’à finalement ne plus exister </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">du tout</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">. Première étape de cette désagrégation, l’inévitable perte de mémoire de Costello, qui ne déçoit pas et préfère recommencer sa vie en jouant au foot avec des enfants, hagard et demeuré sur une plage abandonnée, plutôt que de profiter des vices offerts par la cité chinoise. « </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Revenge ? What is revenge ?</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> » répond-il incrédule aux trois tueurs l’accompagnant. Seconde étape, le coup de génie de ces derniers, qui ne dérogent pas à leurs obligations contractuelles et s’en vont affronter les ennemis de Costello. Alors, dans un champ en friche, une centaine de ninjas camouflés derrière des cubes mobiles de vieux papiers journaux vont encercler les trois employés, riant face à la mort, comme toujours chez To, et les abattre à la manière d’un FPS en surchauffe. Le </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">gunfight</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> le plus improbable de la décennie achève de confirmer nos doutes au sujet des intentions du cinéaste qui, à la suite de </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Sparrow</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">, semble définitivement régler ses comptes avec le registre qui l’a vu naître.</span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"> <span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><img src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifZ14Pfb3fixyvMNlxd4TT3zhs5mmNZCORdUhp5k5zyuZxF0VRvhTQ5azzhLHaj081svdUtAUd2dLwHqaR-K_1hPVpBIKUuZjFlkCjK3in4c-rsIigzxVpZ2i-SXuwvfukMsUViCqnkToa/s200/tototo.jpg" /></span></div><div style="text-align: center;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Bien décidé à se </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">venger</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">, To devient le véritable protagoniste de son œuvre et signe un film sans tête et aux pieds d’argile, parsemé de fusillades ineptes et littéralement dénuées de tout ce qui a toujours fait leur force, soit leur versant amoureux. L’amour d’une femme certes, le plus souvent, mais aussi d’un ami, d’un concept, ou encore d’un nem sauce aigre-douce. Tel un poisson frétillant à la surface du sol, </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Vengeance</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> se débat, au plus grand plaisir de To, et perd progressivement la vue. Costello, finalement repêché par une femme et bien décidé, sans trop savoir pourquoi, à venger ses amis morts, loge une balle dans la tête du commanditaire de leurs assassinats, homme qui a par ailleurs également détruit sa famille. Incapable de se souvenir de la raison de ce déferlement de violence, Costello jette un regard à sa victime et, avant de l’abattre, déclare « </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">this jacket belongs to you</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> » en référence à l’élément qui lui a permis de l’identifier. Il ne s’agit alors plus de laver un honneur bafoué ou d’apaiser la mémoire d’êtres chers et disparus ; non, seulement de retrouver le propriétaire d’une veste criblée de balles. Sans motif, sans justification, et surtout sans moteur, </span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Vengeance</span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"> est le dernier grand coup de bluff d’un cinéaste parvenu à maturité, et qui se plaît à décrypter l’ineptie d’un genre livré à lui-même. En guise d’épilogue, un Costello amnésique semble absolument comblé et surpris de se retrouver sur cette plage en compagnie d’enfants aux yeux étrangement bridés, et d’une jolie jeune femme qu’il a certainement oublié avoir fécondée. Autour d’un dernier bon repas, l’assemblée éclate de rire, visiblement ravie de la bonne blague qui vient d’être contée.</span><blockquote></blockquote><p></p></div>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-43291927737548825172009-01-29T01:27:00.009+01:002010-04-27T16:57:22.009+02:00"Expérimenter le frisson" - Valkyrie (Bryan Singer)<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://www.kinomax.fr/images/Arnaud/S-Z/VignetteValkyrie.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 250px; height: 160px;" src="http://www.kinomax.fr/images/Arnaud/S-Z/VignetteValkyrie.jpg" alt="" border="0" /></a><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Le 20 juillet 1944, un groupe de résistants allemands échoue à assassiner Hitler et signe ainsi son propre arrêt de mort. Dès l'énoncé de ses enjeux, <u>Valkyrie</u> présente l'originalité de générer un suspense et de la fébrilité là où il n'y a pourtant que certitudes et délimitations : l'attentat est un échec, restera dans l'ombre de la victoire des Alliés, Claus von Stauffenberg et ses lieutenants tomberont dans l'oubli. Travail de mémoire et de réhabilitation dira-t-on, pour des hommes qui ont donné leur vie dans l'espoir de restaurer la dignité de leur patrie.</div><p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; ">Je pense ici à <u>Black Book</u> (Verhoeven, 2006), à sa manière de digérer un passé biaisé pour en faire rejaillir les conséquences contemporaines avec rage et justesse. Je pense à <u>The Addiction</u> (Ferrara, 1994), qui inscrit la douleur et la mort sur le celluloïd même, qui ressuscite les images pour mieux les actualiser. A ce cinéma encore déchiré, intrinsèquement malade et conscient du fardeau que l'on continue de porter, Singer répond avec une fiction historique d'antiquaires, certes fluide et par moments virtuose, mais toujours cantonnée au récit figé. <u>Valkyrie</u> sort à peine sur les écrans qu'il n'appartient déjà plus qu'au passé, incapable d'en faire la synthèse pour éclairer voire, dans des cas extrêmes, modifier la perception du présent</p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; ">Dans <u>Vol 93</u>, Greengrass se servait de la -prématurée- fiction historique comme d'un grand huit, et sous couvert de réhabiliter des mémoires héroïques niait la notion même de libre-arbitre par l'impact hypnotisant de l'image. Pris en otage par la virtuosité, la fluidité d'une caméra, il ne s'agit plus de mettre en relief les événements passés pour en tirer les conséquences, mais de s'en nourrir comme d'une attraction maladive, toucher de loin à la catastrophe pour mieux jouir de notre quiétude. « Expérimenter le frisson », l'un des points cardinaux de l'histoire du cinéma mis à mal par les dangers de la mimèse historique, voilà le réel enjeu de <u>Valkyrie</u>. </p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; ">Singer le développe en effet à son insu, préférant instaurer un rapport exclusivement iconographique au sujet, toujours <i>via</i> un médium et sans jamais s'extirper de l'imagerie reproduisant les signes extérieurs de la catastrophe. Jamais Singer n'ose la confrontation <i>au présent</i>, celle qui dépasse le frisson technique pour rallier l'époque et investir les quotidiens. Dans <u>Considérations intempestives</u> (1873), Nietzsche écrit que « seul celui que la nécessité présente prend à la gorge et qui veut à tout prix en rejeter le poids, sent le besoin d'une histoire critique, c'est-à-dire qui juge et qui condamne » ; en choisissant d'embaumer les corps plutôt que d'en démultiplier les démons, Singer semble bien loin de la lucidité hargneuse de Paul Verhoeven...</p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-71606378547241644592008-12-04T10:44:00.014+01:002010-04-27T16:57:54.505+02:00"A gourmet meal"<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://content6.flixster.com/question/38/25/81/3825816_std.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 171px; height: 158px;" src="http://content6.flixster.com/question/38/25/81/3825816_std.jpg" alt="" border="0" /></a><br /><div style="text-align: justify;">'A Night at the Roxbury', 'Anchorman' et 'Talladega Nights', en plus d'avoir Will Ferrell en commun, partagent tous trois la même structure. Un schéma narratif certes plutôt académique : la présentation du ou des personnages principaux, un événement perturbateur, et la reconstruction qui s'ensuit. Rien de révolutionnaire ici sauf si l'on accepte de lire entre les lignes, de passer outre le vernis absurde pour toucher à l'essence de cette trilogie informelle.</div><p style="margin-bottom: 0cm;"></p><div style="text-align: justify;">Un loser envieux du monde de la nuit, un présentateur vedette iconique puis un champion de rally surexposé, trois personnages initialement usants car figés dans l'univers cinématographique, série de gimmicks à l'appui et tics comiques à répétition. C'est de là que Ferrell puise sa grandeur, puisqu'il parvient à faire tomber des masques que l'on croyait définitifs, extirpe ses personnages de la simple imagerie pour leur façonner un visage pétri de faiblesses et de nuances. Mais plus que le constat, c'est ici la trajectoire qui importe.</div><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://blogs.venturacountystar.com/dennert/anchorman-1.jpg"><img style="text-align: justify;margin-top: 0pt; margin-right: 0pt; margin-bottom: 10px; margin-left: 10px; float: right; cursor: pointer; width: 200px; height: 138px; " src="http://blogs.venturacountystar.com/dennert/anchorman-1.jpg" alt="" border="0" /></a><p></p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; ">Une affaire de valeurs sans doute, de seconde chance, de compassion portée à un personnage engoncé dans un costume. De liant également, puisque s'opère un glissement entre des rapports prédéterminés voire imposés, et une délicate reconstitution de la sphère intime, le plus souvent familiale. Un Ricky Bobby retrouvé le lâche du bout des lèvres, au volant, à un père absent : « You know what ? Let's go out tonight, you know, the whole family. I'm talking about sitting down, enjoying a gourmet meal... ». C'est précisément là que se trouve toute la beauté de ces trois films cousins, parvenir à mettre en exergue la reconstruction de relations fondamentales et pourtant perdues, dissimulées sous un amas d'enjeux anodins mais initialement prépondérants.</p><p style="margin-bottom: 0cm;"></p><div style="text-align: justify;">Ainsi, les Butabi de 'A night at the Roxbury' doivent-ils se frotter aux contraintes du monde adulte pour faire un pas en arrière et prendre conscience de cet amour fraternel, intrinsèquement juvénile, qui les unit et qu'ils ne sont pas prêts à abandonner. Il s'agit pour les Butabi de ne pas céder à de supposés impératifs pour mieux laisser s'épanouir le lien qui les a construit ; à l'inverse, Ron Burgundy et surtout Ricky Bobby profitent d'un élément perturbateur (dans les deux cas l'arrivée d'un concurrent a priori néfaste) pour se débarrasser de l</div><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://plutoniumblond.files.wordpress.com/2006/09/talladega_060920062845935_wideweb__300x402.jpg"><img style="text-align: justify;margin-top: 0pt; margin-right: 10px; margin-bottom: 10px; margin-left: 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 117px; height: 156px; " src="http://plutoniumblond.files.wordpress.com/2006/09/talladega_060920062845935_wideweb__300x402.jpg" alt="" border="0" /></a><div style="text-align: justify;">eur apparat, et ainsi lentement reconstruire une sphère oubliée.</div><p></p><p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; ">Affaire de valeurs et de trajectoires disais-je, car rien ici n'advient sans une certaine idée de la solidarité, inaliénable, fondamentale mais <i>pansée</i><span style="font-style: normal;"> car exposée. Affaire de responsabilités sociales qui s'imbriquent, s'opposent</span> à l'intime, nécessitent retouches et mutations. Dans 'Talladega Nights', un Ricky Bobby convalescent rentre dans une voiture les yeux bandés alors que son père le guide, démarre, hésite et accélère avant de percuter quelques obstacles et finit par détruire une maison ; laborieux réapprentissage d'une confiance amoindrie par les années, à tâtons et sur béquilles.</p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-7223056065036438592008-12-02T00:51:00.016+01:002010-04-27T16:58:51.235+02:00Foot-Ciné : Et si William Gallas remontait Raging Bull ?<div style="text-align: justify;">J'ai pour projet de passer en revue les grands championnats européens et équipes nationales pour déterminer quels films auraient pu réaliser les divers joueurs, et dans quels courants cinématographiques se placeraient-ils. Pour faire simple, commençons et probablement finissons par l'équipe de France (je me contente d'un onze type, agrémenté de deux ou trois notables remplaçants, notamment en pointe où je ne peux pas délaisser deux des trois stars).</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><span style="font-weight: bold;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-weight: normal; "><span style="font-weight: bold;">Premier</span><span style="font-weight: bold;"> volet, la défense :</span></span></div></span><p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span style="font-style: italic;">Gardien – Mandanda</span> : atypique, surprenant et charismatique, porté aux nues après ses toutes premières oeuvres mais dès lors pas nécessairement constant. Explosif au sol, artiste de la terre en grande difficulté lorsqu'il s'agit de devenir plus aérien, Steve Mandanda est William Friedkin. Un Friedkin apaisé, discret mais tourmenté, le film-phare de Mandanda se situerait entre 'Traqué' et 'Délivrance', entre 'Bug' et 'X-files le film'.</p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span style="font-style: italic;">Les arrières latéraux – Sagnol/Sagna – Abidal/Evra</span> : un double-duo tout à fait symptomatique du poste si particulier, si complet d'arrière latéral, qui est à mes yeux le plus intéressant sur un terrain. Ces quatre-là évoquent avant tout un passage de relai, deux carrières en fin de vie (une mort naturelle et une longue maladie, disons un sida car ça touche à tous les compartiments du jeu) qui laissent la place à deux grands espoirs en Bleu qui peinent encore à s'affirmer. Relai temporel donc pour un poste qui se doit d'assurer le relai spatial, défend et assure les arrières tout autant qu'il se dédouble pour assurer le surnombre en attaque (par des voies pas forcément académiques par ailleurs). Très difficile à synthétiser, mais je pense que les frères Farrelly font parfaitement l'affaire. De par leur capacité à feindre l'inoffensif pour mieux perforer, faire croire à une stabilisation de bases déjà acquises pour finalement jouer sur divers tableaux et brouiller les cartes. Tout comme Sagnol, tout comme Abidal, les frères Farrelly (encore un duo tiens) travaillent sur le liant, qu'il soit spatial ou temporel, et je désigne 'Deux en un' (buddy-movie par ailleurs, y'a pas de hasard) comme film-étendard du poste d'arrière latéral.</p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span style="font-style: italic;">Les arrières cen</span><span style="font-style: italic;">traux – Gallas/Mexès</span> : deux personnalités complètement imprévisibles pour un poste qui nécessite peut-être la plus grande constance, avec gardien de but. Impérial en club et défectueux en sélection, tout l'inverse pour l'autre, ces deux-là manquent encore d'automatismes, ont peut-être du mal à s'adapter aux nouvelles donnes mondiales, mais s'ils reviennent à leur meilleur niveau ça risque de faire très mal. Rien de révolutionnaire, non, le poste ne l'exige pas, mais une rigueur terrifiante doublée d'un leadership indéfectible. Des meneurs d'homme, voilà ce qu'ils ont été et voilà ce qu'ils pourraient redevenir s'ils impressionnaient plus régulièrement. Gallas/Mexès, c'est Francis Ford Coppola et Ridley Scott, ce sont les réalisateurs d''Alien' mais aussi de 'American Gangster', une filmographie que l'on pourrait croire cancéreuse mais qui s'avère en réalité profondément dépressive et nostalgique. 'L'homme sans âge', Gallas et Mexès en fantasment mais ils ne l'ont pas encore réalisé. Film-étendard, 'Raging Bull' est en post-production avec Lilian Thuram au montage. </p> <p style="margin-bottom: 0cm;"></p><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-weight: bold; ">Deuxième volet, les milieux :</span></div><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://i141.photobucket.com/albums/r68/giancarletto/FILM/SCORSESE/RAGING%20BULL/800ragingbull.jpg"><img style="text-align: justify;margin-top: 0pt; margin-right: 0pt; margin-bottom: 10px; margin-left: 10px; float: right; cursor: pointer; width: 182px; height: 177px; " src="http://i141.photobucket.com/albums/r68/giancarletto/FILM/SCORSESE/RAGING%20BULL/800ragingbull.jpg" alt="" border="0" /></a> <p></p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span style="font-style: italic;">Les mil</span><span style="font-style: italic;">ieux défensifs – Vieira/Toulalan/Diarra² </span>: un monstre sacré qui ne peut plus supporter les blessures et souffle ses dernières bougies + l'homme à la constance si importante que son talent tout à fait modéré en devient rare + les jumeaux fougueux un peu concons mais imposants, les Crabbe et Goyle de Harry Potter ou le petit frère et le singe de 'Speed Racer'. Sacré mélange que ces quatre-là, doberman bulldog et lévriers dans un enclos. Plus que ça, trois générations qui se succèdent et interagissent, le plus souvent pour le meilleur. Vieira/Toulalan/Diarra² ont réalisé 'Broken flowers' en 2006, état de grâce rarement atteint depuis si l'on excepte leurs quelques passages à la télévision et quelques épisodes des 'Sopranos'. Il y a somme toute du Apatow chez Patrick Vieira, cette capacité à fédérer tout en continuant de créer, enfanter un monde et des codes à soit tout en refusant de s'y astreindre totalement. Leur film-étendard se situe entre 'La nuit nous appartient' et 'Don't come knocking', quoiqu'il en soit toujours marqué du sceau de la famille et de sa reconstruction, ou comment vivre ensemble malgré les traumatismes et différences.</p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span style="font-style: italic;">Les mili</span><span style="font-style: italic;">eux</span><span style="font-style: italic;"> o</span><span style="font-style: italic;">ffensifs – Gourcuff/Nasri :</span> un poste en reconstruction mais pourvu de joyaux encore en phase de modélisation. Ces deux-là, souvent comparés à la légende Zidane/Murnau, sont d'ores et déjà promis à un grand avenir mais le plus dur reste à venir : concrétiser des promesses qui, à terme, pourraient leur offrir le brassard de cette nouvelle vague. Un capitanat indéfectible pour un poste de relayeur créatif, indispensable à la formation actuelle (4-2-3-1) car à la fois passeur et buteur, à la fois base solide qui sous-tend des enjeux fondamentaux mais aussi levier pour l'attaquant de pointe. Gourcuff/Nasri c'est James Gray et Wes Anderson à la fois, éclectiques, lucides et stables. Dans tous les cas il s'agit de savoir prendre le temps, lever la tête, sonder les enjeux et décider qu'une voie est plus importante qu'une autre. Perforer les codes en privilégiant l'altruisme, voilà la maxime du meneur de jeu, réalisateur il y a à peine quelques mois du déjà très grand 'L'autre rive'. </p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; font-weight: bold; ">Troisième volet, l'attaque :</p> <p style="margin-bottom: 0cm;"></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-style: italic;">Les ailie</span><span style="font-style: italic;">r</span><span style="font-style: italic;">s</span><span style="font-style: italic;"> – Ribéry/Govou :</span> un globe-trotter explosif et imprévisible allié à la constance d'un fidèle artisan, pas spécialement clinquant mais parmi ce qui se fait de mieux. L'un joue à gauche et l'autre à droite mais peuvent facilement interchanger, auteurs de trajectoires différentes mais qui s'imbriquent, ces deux-là se situent précisément entre Quentin Tarantino et Martin Scorsese. Capables de fulgurances, de s'extirper d'un poteau de corner au milieu de trois contraintes ou encore de provoquer une chevauchée créatrice dans l'axe, dans un grand soir ils peuvent tout changer ; à l'inverse, leur poste délicat et exigeant ne permet pas la moindre faiblesse et il n'est pas rare de les voir sombrer : j'en veux pour preuve la réalisation de '[Rec]' en Suissautriche l'été dernier, une parodie du poste d'ailier, celui qui pousse des grands cris pour effrayer l'adversaire mais n'est pas foutu d'enchaîner un dribble ou un concept sans se heurter à la rigueur qu'on lui oppose. A l'inverse il y a deux ans et demi, en 2006, sortait leur film-étendard, celui qui consacrait Ribéry mais laissait injustement Govou sur la touche, accusé de nonchalance voire de malhonnêteté dans l'écriture : dans un contexte on ne peut plus tourmenté, 'Easy rider' était né.</div><span style="font-style: italic;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-style: normal; "><span style="font-style: italic;">NB </span>: il est aisé d'imiter les grands ailiers mais rares sont ceux qui se maintiennent au niveau, prenons pour exemples Mathieu Valbuena ou Jimmy Briand : l'un et l'autre après la réalisation de prometteurs clips de Daft Punk et Chemical Brothers ont vu leurs carrières sombrer après la sortie du 'Transporteur' et de '60 secondes chrono'.</span></div></span><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://www.imfdb.org/images/d/d5/003_UNFORGIARP~Unforgiven-Posters.jpg"><img style="text-align: justify;margin-top: 0pt; margin-right: 0pt; margin-bottom: 10px; margin-left: 10px; float: right; cursor: pointer; width: 153px; height: 223px; " src="http://www.imfdb.org/images/d/d5/003_UNFORGIARP~Unforgiven-Posters.jpg" alt="" border="0" /></a><p></p> <p style="margin-bottom: 0cm;"></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-style: italic;">Les attaquants – Henry/Anelka/Benzema : </span>un trio tellement ambitieux qu'il en frôle l'arrogance. Une arrogance somme toute plutôt légitime, peut-être pas sur la scène internationale certes mais indiscutable dans leurs contrées. Il s'agit de tueurs, ceux qui synthétisent tous les concepts disséminés de-ci de-là par leurs équipiers pour les concrétiser à l'écran avec une force de frappe hors du commun. Il y a tout ; la modernité, l'impact, le sang-froid pour poindre vers un seul but : la victoire du collectif, l'aboutissement d'un travail effectué en amont, la lucidité. Souvent incompris car littéralement obsédés par leur objet, Henry/Anelka/Benzema sont les plus grands tenants de la modernité, ils sont Tony Scott et Gus Van Sant à la fois, ils sont les réalisateurs de 'The Doom Generation', de 'Croix de Fer' et de '2001'.</div><span style="font-style: italic;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-style: normal; "><span style="font-style: italic;">NB </span>: si le schéma de jeu qui le précède ne parvient pas à servir son propos, même l'attaquant de pointe le plus talentueux du monde a toutes les chances de rester incompris, voire muet. En ce sens, David Trezeguet est un artiste à part sur la scène internationale, sacrifié sur l'autel d'une certaine forme de collectif. David Trezeguet se situe entre Peckinpah et Carpenter, David Trezeguet est le réalisateur de 'Impitoyable'.</span></div></span><p></p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-13185970868761606332008-08-01T03:33:00.024+02:002010-04-27T22:27:28.596+02:00Meurtre d'un bookmaker chinois (The killing of a Chinese bookie) - John Cassavetes<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://www.brightlightsfilm.com/61/61_images/61bookieben.JPG"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 297px;" src="http://www.brightlightsfilm.com/61/61_images/61bookieben.JPG" border="0" alt="" /></a><span style="font-size:100%;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style=" ;font-family:georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">Cassavetes est le père d’un monstre, d’un objet dont le squelette absolument codifié ne peut plus supporter les excroissances marginales, et finit par s’y abandonner, inerte. Il y a donc le postulat de base, un gérant de cabaret de seconde zone nommé Cosmo Vitelli qui pour rembourser sa dette auprès de la pègre locale, va devoir accepter d’assassiner un bookmaker chinois en plein Chinatown. Colonne vertébrale d’un polar classique, bientôt désarticulée par le rapport qu’instaure Cassavetes entre l’espace et ses personnages.</span></div></span><p face="times new roman" style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal;"> </p> <p style="margin-bottom: 0cm; font-style: normal;"> </p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:medium;">Car si Cosmo semble d’abord incapable de s’adapter à un univers que ses créanciers génèrent et maîtrisent, il apparaît par la suite qu’il ne tente pas d’évoluer dans leur sillon mais bien en parallèle, fort de son indépendance qui lui confère la possibilité de ne pas adhérer aux codes préétablis par un collectif auquel il n’appartient pas. « I got the world by the balls », lâche-t-il ivre à l’une de ses danseuses, et de fait, Cosmo recrée à l’intérieur même du monde qu’on lui impose (celui de la pègre et du meurtre) un espace dont il maîtrise les contours. Le dilettantisme fertile répond et se nourrit de la contrainte, l’alcool, les femmes et la tendresse occultent naturellement la peur de la mort et les balles perdues. C’est donc un double-jeu qui s’instaure ici, un rapport étroit entre ce qui semble imposé par des impératifs narratifs, moteurs de tension, et son inverse, la douce litanie prônée par Cosmo Vitelli au sein d'un carcan qu'il réfute.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:medium;">Cassavetes opte donc pour une approche frontale de ce qui s'avère central, à savoir l'insertion forcée d'une individualité au coeur d'un collectif codifié et potentiellement nocif. Et s'il y a insertion, puisque ce petit chinois, parrain de la côte ouest, gît désormais au fond de sa piscine, il se doit d'y avoir réaction : pour s'émanciper d'un collectif qui menace ce qu'il est et représente, Cosmo sait qu'il va en éliminer les géniteurs. Ainsi de film globalisant, qui enregistre un rapport à l'espace déterminé par un groupe tentaculaire, l'on bascule d'un point de vue tant spatial que narratif à un rétrécissement du champ. </span></span></span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:medium;">Désormais ancré dans sa verticalité, droit malgré les blessures, Cosmo peut jouir de son cabaret bancal, de ses </span></span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:medium;">girls</span></span></i><span style="font-style: normal;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:medium;"> aux formes imparfaites, de son maître de cérémonie d'une laideur à peine maquillée qui affirme avec force et mélodie qu'il ne sait pas aimer. Dernier baroud d'honneur d'un employeur paisible, qui après avoir inscrit l'amour qu'il porte à son petit monde se doit de se retirer. </span></span></span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size:medium;">« I got the world by the balls » disait donc Cassavetes par l'intermédiaire de Cosmo, l'un comme l'autre peut-être déjà conscients de la puissance de leur modeste entreprise.</span></span></span></p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-88792889819729954392008-07-09T13:18:00.013+02:002010-04-27T21:44:23.521+02:00Martin - George A. Romero<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://www.cinemovies.fr/images/data/films/Pfilm11629676050.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 320px;" src="http://www.cinemovies.fr/images/data/films/Pfilm11629676050.jpg" alt="" border="0" /></a><span style="font-size:100%;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;">'Martin' de Romero, ou le miroir inversé de sa quinqualogie de l'horreur post-mortem. Ici, un jeune homme persuadé d'être un vampire endort ses victimes avant de leur couper les veines, de s'inonder de leur sang et de les laisser tranquillement mourir, vides. Recueilli par son vieux cousin, fou de Dieu aux tendances exorcistes, Martin se marre en découvrant les gousses d'ail accrochées aux portes ou le crucifix au-dessus de son lit. Il n'est pourtant pas question ici d'une nouvelle race de vampires modernes immunisés aux signes, mais seulement d'un adolescent dont les géniteurs fanatiques ont déterminé la nature bien avant sa naissance ; cet enfant-là serait la réincarnation de Nosferatu, né en 1892 et honte inavouable d'une famille pieuse.</span></div></span><p style="margin-bottom: 0cm;"> </p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">S'opère donc un changement notable dans le </span></span></span><span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">modus operandi </span></span></i></span><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">de Romero. Alors que dans 'La nuit des morts-vivants' et ses suites, l'horreur était la source métaphorique de la satire sociale, point de départ et non résultante, le schéma s'inverse avec 'Martin' puisque la supposée dimension fantastique, à laquelle on adhère </span></span></span><span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">a priori </span></span></i></span><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">sans questionner, est ici la conséquence directe -et illusoire par ailleurs- de dérives sociétales toujours centrales. Martin passe donc du rang de monstre à celui de victime, victime d'une pathologie dont la source réside déjà, en substance, dans 'La nuit des morts-vivants'. </span></span></span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;"> </span></span></p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">S'il peut parfois effleurer le traité théorique, au paroxysme dans ses deux dernières semi-bouses qui viennent s'ajouter à une trilogie pourtant aboutie, Romero s'en échappe très rapidement avec 'Martin'. Car en filigrane de la satire sociale toujours un peu succinte (qui s'en soucie ?), résident les germes d'un chef d'oeuvre en partie avorté. "That's just a costume", s'amuse Martin, déguisé en vampire avec cape noire et canines acérées, aux yeux de son cousin terrifié. "That' just a costume", progressive prise de conscience, magnifique friction entre un statut </span></span></span><span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">a priori</span></span></i></span><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;"> inamovible et les pulsions de découverte propres à l'adolescence. Il aimerait également avoir des rapports sexuels poursuit-il, avec une femme éveillée, ni évanouie ni vidée de son sang. Romero confère à la fonction que l'on supposait rigide une certaine forme de liberté, une bouleversante autonomie qui ne peut que s'achever dans un sursaut, une dernière bombe posée aux pieds des siens. Martin, enfin adepte de la communauté mais de fait immédiatement paria, revêt définitivement les canines. Pour faire partie de la famille, je ne peux que sucer le sang de ses membres.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">Autrement plus bandant qu'un discours sur le remontage et la multiplicité des sources...</span></span></span></p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-84879139481687110532008-07-01T00:26:00.019+02:002010-04-27T21:42:54.669+02:00Supergrave (Superbad) - Greg Mottola<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://pocketchange.become.com/images/superbad.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 425px; height: 315px;" src="http://pocketchange.become.com/images/superbad.jpg" border="0" alt="" /></a><i><div style="text-align: justify; display: inline !important; "><span class="Apple-style-span" style="font-style: normal; "><span><i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">On veut du cul</span></span></i><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">. Anothe</span></span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">r teen movie », blabla, mais l'essentiel est bien là, on veut du cul et on s'en approche coûte que coûte avec </span></span></span><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">'Supergrave</span></span></span><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">'. Le sexe occupe de par son absence une place primordiale dans le quotidien de Seth et Evan, deux jeunes puceaux invités à une soirée, s'ils parviennent à acheter de l'alcool. Pourquoi pas, militer pour la fraude, l'ivresse, du vomi dans les piscines et une pipe pourtant pudique. C'est ça. Vomir sur un visage l'innocence aux lèvres et ne pas supporter l'idée de faire l'amour autrement qu'en cachette. Fantasme du rapport sexuel donc, tellement idéalisé qu'il ne peut plus advenir autrement que dans le marasme, ou du moins dans la déconvenue. Seth et Evan toujours vierges, losers empêtrés dans la mélasse phallique entérinée par </span></span></span><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">'American Pie</span></span></span><span><span style="font-style: normal;"><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;">'.</span></span></span></span></span></div></i><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;"><br /></span><p style="margin-bottom: 0cm;"> </p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; font-style: normal; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;"> Pivoter, glisser, saturer de beauté un modèle à peine né que l'on croyait déjà figé dans la glace. Ils hurlent leur infécondité, cette incapacité à entrer dans l'âge adulte autrement que par le biais de la déclaration d'amitié. Si le climax est un jour advenu dans un lit, mélange de sécrétions entre inconnus qui tentent de baiser un miroir, on ne parle ici que de duvets a priori étanches, si l'on excepte ces quelques mots, cette accolade entre deux adolescents saouls, encore trop interdépendants pour oser se livrer à la frontière qu'ils ont côtoyé, celle dont ils ont exploré les contours tout en redoutant ce qu'elle pouvait renfermer.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;margin-bottom: 0cm; font-style: normal; "><span><span class="Apple-style-span" style="font-family:georgia;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: medium;"> Seth et Evan vont s'éloigner, très bientôt ; toujours cette forme de cruelle nostalgie évolutive, déjà en filigrane, dont la douceur pointe à peine. Un escalator, une femme au bras et son coquard renversant, le visage d'un ami qui disparaît, futures réminiscences d'un âge doré qui s'est toujours ignoré. </span></span></span> </p>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-39944468287806219842008-06-19T16:31:00.006+02:002010-04-27T17:06:00.630+02:00Phénomènes (The Happening) - M. Night Shyamalan<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://blog.nola.com/mikescott/2008/06/medium_11111111111happp.JPG"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 320px;" src="http://blog.nola.com/mikescott/2008/06/medium_11111111111happp.JPG" alt="" border="0" /></a><br /><div style="text-align: justify;">Shyamalan esquisse certaines thématiques qui me semblent fondamentales, constamment, en filigrane, et sans jamais verser dans le dogmatisme. C'est ce qui est grand ici, des voies sont à peine entrevues qu'elles se trouvent obstruées par le champ des possibles. Wahlberg ne dit pas autre chose, les explications scientifiques ou du moins rationnelles ne sont qu'hypothèses, contrecarrées par l'imprévisible.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">L'imprévisibilité c'est le centre, l'essence. Un vulgaire ventilateur balaie quelques parcs et l'on édicte sa nocivité, un botaniste évoque la conscience des plantes et l'on s'en méfie, un leader charismatique suppose à force de formules mathématiques que le phénomène ne touche que les groupes élargis et l'on s'y accroche les yeux fermés. Certains se plaignent parce que Shyamalan détruit son objet, c'est fâcheux ; Shyamalan ne détruit que certaines certitudes qui vont à l'encontre de sa démarche, élargit plutôt qu'il ne restreint aux codes. Si Wahlberg parle à une plante qui s'avère être en plastique c'est donc certes un aveu de mcguffin mais également bien plus qu'un gadget ; peut-être la prise de conscience que ce fameux Model Home doit être questionné, non pas catalogué mais remis en perspective, disséqué.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">On aboutit forcément aux frictions et décalages qui subsistent entre un environnement donné, et celui modelé pour que l'on puisse s'y accomplir. C'est évidemment central, la notion d'ostracisme. Pour être en phase avec la nature, au sens générique, il faut dynamiter les groupes élargis, se rapprocher des siens et privilégier les intérêts de micro-sociétés aux dépends du sort de la collectivité. C'est tout du moins ce qui apparaît selon la théorie de Wahlberg pour survivre au sein d'un monde qui a décidé de se passer de l'espèce humaine, passer par la fuite, l'ostracisme, etc.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">On connaît la formule et si je parle d'imprévisibilité, de thématiques dont l'approfondissement, voire même les potentielles résolutions sont à peine esquissés qu'on les voit s'étouffer, c'est précisément parce que Shyamalan détruit dans la seconde partie du film tout ce que le personnage principal a bâti dans la première ; et végète de fait, indéfiniment c'est fascinant, au stade du questionnement. Car l'ostracisme apeuré aboutit à la destruction automatique de tout ce qui tente de percer la bulle, tandis que l'ostracisme misanthrope tend vers l'obscurantisme.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Après le suicide de la vieille femme, morte seule c'est évident, magnifique scène de retrouvailles au milieu du vent. Peu importe la taille du groupe, c'est finalement sa cohésion qui importe.</div>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-52600096893041809302008-06-19T15:16:00.005+02:002010-04-27T17:06:32.945+02:00Black Book (Zwartboek) - Paul Verhoeven<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://www.premiere.fr/var/premiere/storage/images/cinema/photos-film/themes/glamorama/carice-van-houten-dans-black-book/node-1051338/12691441-1-fre-FR/carice_van_houten_dans_black_book_reference.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 320px;" src="http://www.premiere.fr/var/premiere/storage/images/cinema/photos-film/themes/glamorama/carice-van-houten-dans-black-book/node-1051338/12691441-1-fre-FR/carice_van_houten_dans_black_book_reference.jpg" alt="" border="0" /></a><br /><div style="text-align: justify;">1944. La jeune Rachel Stein est juive. Sa famille d'accueil est décimée, tout repère calciné. Balayés en quelques instants, en quelques plans. Par le feu ou les balles qui criblent les corps de ses parents. Paul Verhoeven détruit mécaniquement tout ce qui devait la suivre jusqu'au bout et l'érige en rescapée de l'histoire, en accident que les théories n'avaient pas prévu. Et ce n'est finalement plus que cette logique balisée que 'Black Book' s'évertuera à déstructurer pendant plus de deux heures, deux heures qui crachent sur soixante ans de reconstitution caricaturale. Rapidement accusé de révisionnisme, Paul Verhoeven se contente de se détacher du négationnisme pour mieux s'infiltrer là où il était défendu de poser une caméra. Précisément, dangereusement.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Les armes n'ont jamais assuré la lucidité et la fiction historique nécessite de s'émanciper de cette base, aussi importante soit-elle, pour parvenir à la cohérence et paradoxalement, à la saignée qui continue de faire écho. L'introspection tendue au sein des deux groupes, nazis et résistants, n'est certes ici pas exempte de violence physique, mais repose avant tout sur le lien charnel qui les lie, à savoir Rachel Stein. Envoyée par la résistance hollandaise jouer l'agent-double dans un quartier général nazi, celle qui se fait désormais appeler Ellis de Vries va à son insu révéler la flexibilité de frontières réputées immuables, les confondre puis de fait les annihiler par l'exercice du doute. Son idylle avec un haut-gradé nazi, Ludwig Muntze, initialement forcée puis progressivement sincère et passionnée, en est à la fois le premier et le plus représentatif des symboles, puisqu'il opère simultanément sur Rachel et sur le spectateur encore pétri de caricatures historiques. Il s'agit en effet de distiller de l'humanité là où il n'y a habituellement que mythe et sacralisation néfaste, de développer l'ambigüité et la souffrance d'un personnage dont le statut était jusqu'ici réservé à la condamnation unilatérale. Du général au particulier, de la caricature encore brûlante à la tentative de compréhension d'une unité. Unité dont l'affirmation des sentiments contrastés provoquera la haine cannibale d'une partie des siens, pourtant désormais attirés et soumis à la figure du nouvel ordre dominant, à l'autorité cette fois collégiale mais tout aussi divinisée que celles du Führer ou du Duce, à savoir celle de l'Allié.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Soucieux de redéfinir avec lucidité les fondements d'un monde au sein duquel il a grandi, Verhoeven entreprend donc la destruction méthodique d'un manichéisme pourtant nécessaire à la légitimation soudaine du nouvel ordre international, et dont la remise en cause partielle fait par conséquent office de blasphème. A une sacralisation en répond une autre, toutes deux hâtivement conçues pour la sauvegarde de l'humanité (en doutait-on ?), et le résistant est imposé, tout autant que le nazi, comme une figure figée dans l'acier d'une analyse au sein de laquelle la nuance est prohibée. Et alors que deux heures sont nécessaires à Ken Loach dans 'Le vent se lève' pour développer son enfantine réflexion pétrie de pacifisme primaire, une poignée de plans traumatisants permettent à Verhoeven de transformer un habile film d'espionnage en théorie historique dont la portée demeure toujours plus essentielle. Au-delà de la trahison déjà lourde de sens du résistant félon, réponse symétrique et logique à la reconversion du nazi Muntze, c'est dans la merde que Rachel Stein/Ellis de Vries est physiquement et littéralement traînée par une horde d'Alliés totalitaires, asservissants, terrifiants. Paul Verhoeven s'inscrit ainsi dans la lignée de Sam Peckinpah qui, à la fin du générique de 'Croix de fer' (1977), alors qu'une dizaine d'enfants viennent d'abattre l'arme au poing le dernier soldat lucide survivant du carnage, cite Bertold Brecht, définitif : "Ne vous réjouissez pas de la défaite du monstre car, à travers le monde qui l'installa puis le stoppa, la putain qui l'a engendré est de nouveau en chaleur". La jeunesse, la génération issue de la déchirure est condamnée, crucifiée sur l'autel d'un passé qui ne passe pas, et la construction d'un monde nouveau bâti sur les ruines de la terreur s'impose ici comme intrinsèquement malade. En témoigne ce plan glacial de Rachel Stein qui, titubante et zombifiée par le poison, parvient à exhiber sa vérité, à dépasser le traître acclamé, sur le balcon, par une foule exaltée à la suite de la Libération, et à enjamber la balustrade pour se laisser tomber comme morte dans les bras d'une masse humaine toujours plus crédule. Le tableau idyllique d'un pacifisme fédérateur est certes démythifié par l'envers du décor, mais la démarche n'en reste pas moins incertaine, inconsciente, assommée par les restes d'une réalité bien trop difficile à assimiler. Et la mort par asphyxie du félon, enfermé vivant dans un cercueil dont continuent néanmoins de s'échapper des pièces d'or et liasses de billets larmoyantes, ne changera rien à l'affaire - les interminables râles à peine perceptibles finissent certes par être étouffés, mais tout ceci se passe définitivement dos aux protagonistes et surtout hors-champ, au-delà de toute perception rationnelle et identifiable. Pas de certificat de décès.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">1956. Rachel Stein, mère de famille et enseignante, se berce de l'illusion d'une paix juste en dépit des souvenirs. Elle se dirige vers son kibboutz, "construit grâce aux fonds recueillis pour les Juifs de la Seconde Guerre mondiale". Des barbelés, un mirador et des soldats pointant leur arme vers l'horizon. 11 ans plus tard, l'héritage n'a favorisé qu'une nouvelle et pernicieuse ghettoïsation, volontaire cette fois-ci, et dont les enjeux ont été considérablement bouleversés. La terreur est souterraine, le bellicisme jamais résorbé, et 'Black Book' s'impose de fait comme une fiction historique majeure, puissante et cohérente, dont l'écho ne cesse de s'amplifier en ce début de XXIe siècle.</div>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-80306206527913107542008-06-18T12:56:00.004+02:002010-04-27T17:07:00.023+02:00Macadam à deux voies (Two-Lane Blacktop) - Monte Hellman<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://www.artshole.co.uk/arts/artists/TIM%20SCOTT/TWO-LANE-BLACKTOP.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 320px;" src="http://www.artshole.co.uk/arts/artists/TIM%20SCOTT/TWO-LANE-BLACKTOP.jpg" alt="" border="0" /></a><br /><div style="text-align: justify;">On détermine un personnage selon son statut, on désigne une personne à l'aune de sa fonction. <span style="font-style: italic;">The Driver</span>, <span style="font-style: italic;">The Mecanic</span> ou encore <span style="font-style: italic;">The Girl</span>. Les deux premiers donc, deux jeunes rasés au poil qui prennent la route pour ressembler au Dean Moriarty de Jack Kerouac mais, évoquant tour à tour la pitié, le dégoût, la compassion, prennent l'outil pour la fin et du même coup claquent entre deux doigts de leur insaisissable modèle. Car si <span style="font-style: italic;">The Mecanic</span> passe son temps à vérifier des soupapes, à réparer un carburateur, il ne pense plus qu'à la mort lorsque <span style="font-style: italic;">The Driver</span> va trop vite pour lui. <span style="font-style: italic;">The Driver</span> justement, qui à force de rouler pour explorer les limites de sa voiture en oublie l'essentiel, et fait de la carrosserie de sa Chevy 55 son propre épiderme alors qu'il devrait tout mettre en oeuvre pour l'user et l'abîmer.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">De la staticité à l'immobilité, comme engoncé dans son outil ; « You bore me » lâche <span style="font-style: italic;">The Girl</span>, qui finira d'ailleurs par les laisser sur place, alors qu'à l'époque Dean Moriarty érigeait la vitesse en point d'orgue pour échapper à ses contemporains. Les deux petites victimes dégueulasses de 'Macadam à deux voies' sont prisonnières d'une carcasse au sein d'une mare de liberté, se restreignent à la course et du même coup balisent leur champ du possible, trop timorés, nourris au sein du protectionnisme abscons, avides d'inertie.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><span style="font-style: italic;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-style: normal; "><span style="font-style: italic;">G.T.O</span> lui, surnommé ainsi par les deux adolescents en référence à sa Pontiac jaune, roule pour satisfaire ses ambitions anachroniques. « Jusqu'où peut-on aller ? », demande-t-il à <span style="font-style: italic;">The Girl</span>, qu'il vient de rencontrer et qui est tout ce qui lui reste, « Pas loin » lui répond-elle, car sur la route, tout au long de ce méprisable périple entrecoupé de siestes dans des motels, de pauses dans des fast-foods, il n'y a que des soldats en permission, des hippies qui n'ont jamais rien connu et ne connaîtront jamais rien au-delà de l'utopie crasse, poisse, Moriarty en a la nausée et désormais sur la route les gens se tuent, oublient de s'accomplir tant obnubilés qu'ils sont d'aller du départ à l'arrivée. La course encore une fois, et la liberté sclérosée.</span></div></span><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Quatre personnages qui n'ont rien trouvé de mieux pour errer que de foncer, et Monte Hellman qui ne suit plus, refuse de figurer encore un peu plus longtemps ce qui n'a de sens que pour les tricheurs, les illusionnistes ou les techniciens. <span style="font-style: italic;">The Mecanic</span> est resté sur le bord de la route et pour cette dernière course <span style="font-style: italic;">The Driver</span> est seul, enfin seul face à l'ineptie qu'il représente et alors même que le ralenti se substitue à l'accélérateur, Monte Hellman crame avec son temps.</div>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-27799903945700302762008-06-18T12:40:00.005+02:002010-04-27T17:07:33.870+02:00L'Aurore (Sunrise) - Friedrich Wilhelm Murnau<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://daily.greencine.com/archives/murnau-sunrise.jpg"><img style="margin: 0pt 10px 10px 0pt; float: left; cursor: pointer; width: 320px;" src="http://daily.greencine.com/archives/murnau-sunrise.jpg" alt="" border="0" /></a><span style="font-size:100%;"><br /><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: 16px; "><span style="font-size:100%;">'L'Aurore</span>', réalisé en 1927 par Friedrich Wilhelm Murnau, est régulièrement considéré, à l'instar de' Citizen Kane', comme le plus grand film de l'histoire du cinéma. Depuis près de 80 ans d'innombrables articles et analyses ont été écrits à son propos, de telle sorte que tenter de rédiger l'éloge du film de Murnau, ou encore d'en disséquer les mouvements pour comprendre sa puissance, apparaît désormais comme la plus insipide des banalités. Je m'attacherai donc ici à considérer 'L'Aurore' avec beaucoup de subjectivité, et à laisser de côté les grandes références analytiques, didactiques par lesquelles il est de bon ton de bifurquer avant de se plonger dans l'écriture d'un énième papier sur le chef d'oeuvre de Murnau.</span></div></span><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Contamination, luttes, contrastes et destruction. 'L'Aurore' adhère avant tout à ces quatre tendances et c'est de leur combinaison, de l'utilisation de la destruction, que jaillit le génie de Murnau. Les panneaux initiaux annoncent une fable pétrie de figures, de situations et de sentiments universels. La campagne est bientôt investie par les citadins, en ces temps de vacances, et le malin de la modernité ne tarde pas à contaminer la pureté des âmes rurales. La dame de la ville, toute de noir vêtue, fait naître la tentation chez l'homme des champs et rompt rapidement l'équilibre de son couple, laissant la jeune et lumineuse gretchen aux mains de l'incompréhension candide. A l'intangible perfection picturale de chaque plan répond la caricature des personnages, réduits au rang de simples figures forgées dans le ciment et incapables de s'en émanciper. A la douceur de la campagne répond l'artificialité de la ville, au blanc répond le noir, à l'amour répond la tentation. A l'amour répond le meurtre. La destruction qui ne peut que succéder à la contamination. Puis sur la barque, sur le cours d'eau apaisé, apaisant, le corps du paysan se soulève et traîne les plombs de la culpabilité jusqu'à la gorge de la gretchen, avant de succomber face à deux yeux amoureux et meurtris. Les larmes investissent les cernes et la barque est frénétiquement dirigée vers la terre, seule valeur apte à rétablir la confiance que partagent encore les deux corps. Encore, et de nouveau. Par la destruction du cliché, par la lutte qui oppose les certitudes contradictoires de l'amant mais également la teneur des personnages, propulsés du rang de figures rigides à celui de corps imparfaits, faibles, sujets au doute et à la déraison. Ainsi, une faille est mise à jour dans la logique stérile de prédétermination des icônes et Murnau s'y engouffre, révélant une timide et puissante beauté qui ne cesse alors de faire vivre l'intimité des corps tout en les guidant vers l'universel. Les dichotomies sont transpercées, les amants retrouvés jouissent quelques instants de la ville et la collusion des oppositions, le contraste, produit alors la grandeur, qui résiste toujours près de huit décennies plus tard.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Cohérent dans ses parti-pris, Murnau va jusqu'à fondre dans la même image l'amour et la tentation ou encore le modernisme et la ruralité, devançant ainsi de 80 ans le 'Domino' de Tony Scott dans la quête de contamination de l'image pour mieux la transcender. Il s'agit en effet, dans les deux cas, d'une remise en cause apparente des valeurs défendues pour mieux les investir. Car jamais Murnau n'assimile l'un à l'autre les deux univers qu'il met en scène, et les met encore moins sur un pied d'égalité, sans pour autant condamner l'un tout en glorifiant l'autre ; il ne prône en définitive que la lucidité vis-à-vis de l'organisation du monde qui tend à se mettre en place et des contradictions qu'il implique, et pousse à la modération en réponse à l'excès. En témoigne l'attitude des amants miraculés qui jouissent de la ville, la ville qui énivre, s'oublient, et subissent en retour la douleur tout près d'être meurtrière d'une nature trahie. 'L'Aurore' est le premier film de Murnau aux Etats-Unis, pays objet de toutes les convoitises au sein duquel il jouit d'une grande réputation et a le privilège de choisir son équipe tout en ayant un budget considérable... La cohérence de l'oeuvre n'a que peu de limites.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Murnau brise donc les chaînes qui emmuraient les figures de cire et les anime par le biais du doute, de la déraison, de la maladresse. La destruction de tels repères demeure nécessaire aujourd'hui, alors que la délimitation, la démarcation rassurent les foules tout en les éloignant de la pertinence, et c'est peut-être ce qui continue de conférer à 'L'Aurore' sa grande puissance toujours d'actualité. Visionnaire. Le petit cochon noir, inoffensive attraction de la fête foraine, s'était échappé de son enclos pour semer la panique dans les jupettes de ces dames ; il semblerait qu'il ait fini dans une chambre froide.</div>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3125934627367173010.post-5566211440221240802008-05-30T14:46:00.005+02:002010-04-27T17:08:12.176+02:00I don't want to sleep alone (Hei Yanquan) - Tsai Ming-Liang<div style="text-align: justify;">Un étranger amorphe erre dans les rues de Kuala Lumpur, muet, comme enseveli. Sous le poids du plan fixe, sous la pesanteur du temps qui passe et ne traduit finalement que l'immobilité et la décrépitude, il s'écroule. Au sein de cet espace sombre et soumis à l'implosion, agressé jusque dans son dispositif, c'est la sensation, le toucher qui ravivent les corps que Tsai Ming-Liang choisit de filmer et, par ce biais, de rendre réflexifs. Désespérément, il favorise la perception au détriment de l'évolution didactique, et façonne (car c'est bien à la sculpture que 'I don't want to sleep alone'<a href="http://www.mediacritik.com/fiche_media.php?id_media=6862" class="film_link"><span></span></a> aboutit, le temps et l'incrustation ayant finalement remplacé la perspective) à tâtons l'un des témoignages les plus définitifs, sombres et fertiles de notre modernité.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">La cohabitation est impure, hétérogène, vouée au déséquilibre et à la destruction dès sa genèse, et c'est ici clairement l'atmosphère originelle qui en pâtit. Les corps luttent, se débattent bien qu'anesthésiés et, alors que le long plan fixe essentiellement castrateur découvre soudainement la possibilité de jouer avec la perspective, l'espace, la fuite, il suffit d'un regard pour que l'attirance se mue en jouissance, la main de l'homme qui pénètre le sexe opposé, par-delà les tissus toujours fatalement dressés mais, pour la première fois, vulnérables. L'espace d'un plan isolé, toujours, car la progression et l'espoir ne sont pas de mise aujourd'hui, au contraire de l'illusion. Tsai Ming-Liang l'a depuis longtemps compris et ce n'est pas un hasard si, dans la majorité de ses précédents films, les scènes musicales ont été régulièrement perçues comme des entractes bienveillants, alors qu'il s'agit d'une introspection toujours plus violente au sein des balbutiements dominants.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><span style="font-style: italic;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-style: normal; "><span style="font-style: italic;">We don't want to sleep alone</span>. Clairement, Tsai Ming-Liang ne joue plus du tout, massacre la concession, et l'ironie corrosive de la parodie musicale a disparu. Cette fois, c'est le regard bleu et irréversiblement fixe du tétraplégique conscient qui fait office de fil rouge, lavé comme un chien par son infirmière dépressive, et plus personne ne rit, et Tsai Ming-Liang n'en finit pas de nous rappeler que la solidarité corporelle et le refuge sont les derniers remparts, certes illusoires mais convaincants ; il n'en finit pas de nous rappeler que si un jour son oeuvre a provoqué le rire, ce dernier ne pouvait être que noir.</span></div></span><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Noir. Noir comme l'eau putréfiée de ce lac qui berce les trois amoureux, inconnus les uns des autres mais dont les corps se réconfortent, crispés mais heureux, allongés sur ce matelas pneumatique de fortune qui ne demande qu'à couler. L'image frappe et les résonances sont nombreuses. Le lit conjugal traverse verticalement, lentement, ce cadre figé taillé dans la roche, et apparaissent à sa suite les gerbes fluorescentes mais toujours artificielles d'une lampe insidieuse, comme pour nous remettre en tête cette litanie funèbre.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Car la menace invisible mais omniprésente qui plane sur la cité a transpercé le sexe, alors même qu'il dépassait enfin le stade de la frustration, et c'est la maladie qui l'emporte sur les chairs vouées à se mélanger, à s'émanciper. Le sommeil forcé éclipse la pénétration et s'impose naturellement au milieu de ce marasme, comme pour mieux l'occulter. Fatalement. Tsai Ming-Liang n'a jamais été aussi cohérent dans ses partis pris formels et sa construction, aboutissant en guise de synthèse à transférer le rôle de son acteur fétiche, Lee Kang-Sheng, de la victime anesthésiée mais mobile au tétraplégique, personnage impuissant, terrifiant ; peut-être le plus conscient et responsable de tous.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Majestueux, fier, hermétique au désastre. Le papillon rouge, jaune et vert se pose sur l'épaule de l'ouvrier, longtemps. Irrégulier, il traverse l'espace, s'éloigne puis réapparaît. Entité improbable, surréaliste, il illumine le plan fixe de son insouciance ; lui a trouvé la faille, a percé la rigueur désespérée du dispositif de Tsai Ming-Liang et l'irradie d'espoir. Il s'agit de s'immerger du mystère et d'oublier ses larmes. Le papillon dormira seul ce soir.</div>Axel Cadieuxhttp://www.blogger.com/profile/10266685606503847551noreply@blogger.com0