mardi 1 juillet 2008

Supergrave (Superbad) - Greg Mottola

On veut du cul. Another teen movie », blabla, mais l'essentiel est bien là, on veut du cul et on s'en approche coûte que coûte avec 'Supergrave'. Le sexe occupe de par son absence une place primordiale dans le quotidien de Seth et Evan, deux jeunes puceaux invités à une soirée, s'ils parviennent à acheter de l'alcool. Pourquoi pas, militer pour la fraude, l'ivresse, du vomi dans les piscines et une pipe pourtant pudique. C'est ça. Vomir sur un visage l'innocence aux lèvres et ne pas supporter l'idée de faire l'amour autrement qu'en cachette. Fantasme du rapport sexuel donc, tellement idéalisé qu'il ne peut plus advenir autrement que dans le marasme, ou du moins dans la déconvenue. Seth et Evan toujours vierges, losers empêtrés dans la mélasse phallique entérinée par 'American Pie'.

Pivoter, glisser, saturer de beauté un modèle à peine né que l'on croyait déjà figé dans la glace. Ils hurlent leur infécondité, cette incapacité à entrer dans l'âge adulte autrement que par le biais de la déclaration d'amitié. Si le climax est un jour advenu dans un lit, mélange de sécrétions entre inconnus qui tentent de baiser un miroir, on ne parle ici que de duvets a priori étanches, si l'on excepte ces quelques mots, cette accolade entre deux adolescents saouls, encore trop interdépendants pour oser se livrer à la frontière qu'ils ont côtoyé, celle dont ils ont exploré les contours tout en redoutant ce qu'elle pouvait renfermer.

Seth et Evan vont s'éloigner, très bientôt ; toujours cette forme de cruelle nostalgie évolutive, déjà en filigrane, dont la douceur pointe à peine. Un escalator, une femme au bras et son coquard renversant, le visage d'un ami qui disparaît, futures réminiscences d'un âge doré qui s'est toujours ignoré.

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